Biographie attestée et véritable de Giscard le Survivant, par l'intéressé lui-même


Ce que vous allez lire ci-après, c'est ma biographie. Elle est authentique, je le jure sur Le pot d'échappement arrière de la Juva 4 de mon cousin Anaclet.
Je suis né au milieu des années 1920 dans la mer de Glace. A cette époque, les gens écoutaient surtout Maurice Chevalier, voire la trompette de Louis Armstrong pour les plus branchés mais moi, très tôt je n'eus d'yeux que pour le piano à bretelles quatre-vingts boutons.
J'ai fait plusieurs écoles, fréquenté plusieurs classes, dont celles, réputées entre toutes, de CM2 (on disait septième à l'époque) à Saint-Amant-Roche-Savine. Elles étaient dirigée par Madame Germont que nous surnommions, nous enfants habillés de noir, " la despote "… Cela me fait froid dans le dos rien que d'y penser. Elles nous interdisaient de chiper des pommes chez le voisin, un fermier nommé Grabougnac. Un jour, j'en ai eu marre, je me suis tiré, j'ai dit " salut la compagnie ! " et je suis devenu Inspecteur des Finances.
Dans les années 1950, intéressé par les mouvements de mode, je fonde le C.N.I.P. (Cercle des Nudistes Intrinsèquement Pauvres). En effet, bien avant que cela ne devînt la mode, je me suis passionné pour l'Inde et quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'en feuilletant un exemplaire de Match, je m'aperçus que des personnes de ce sous-continent non seulement étaient démunies mais en outre vivaient totalement nues. Quelle audace ! Je voulus aussitôt lancer cette mode dans l'Hexagone mais je ne crois pas cinquante ans plus tard que l'on puisse qualifier cela de franc succès. Certes, cela me permit d'être élu député du Cap d'Agde mais mon non-port de costume hélas m'interdit l'entrée du temple de la représentation nationale. Exaspéré devant tant d'ostracisme, je décidai brusquement de tenter ma chance sur le tremplin du Golf Drouot. Grand bien me prit car, remarqué lors de ma prestation où je reprenais à l'accordéon tous les tubes des Shadows et de Gene Vincent, De Gaulle en personne, dans la salle comme tous les soirs, vint me voir à la sortie du spectacle et, sans barguigner, me proposa la charge de Grand Teneur du Bâton des Phynances. Comme dans un rêve éveillé, je n'y croyais pas et dus me pincer en haut du gros orteil gauche comme on fait au Chi-kong pour me rendre compte que c'était vrai, que je ne rêvais pas et que j'étais éveillé. En un sens, j'avais l'impression de faire un rêve éveillé. Lorsque je me réveillai le lendemain, je partis faire la bringue rue Delambre et tombai définitivement au milieu de ma quatrième bouteille de blanc. Je me souviens avoir à un moment dansé le mached-potatoes sur le toit d'une Simca 1000 et puis plus rien… Quelle époque tout de même quand on y repense !
Ma charge de Grand Teneur contrariant mes primes vocations naturistes, je laissai brutalement tomber celles-ci et préférai me consacrer à manger de la soupe au cresson moutardé (mon plat préféré) lors de rencontres au sommet avec les plus éminents du gotha parisien et clermontois. Il faut savoir, de par le fait, précisément que depuis quelques temps, le désir me poignait de retourner sur la terre bougnate de mon enfance. Ce que je fis à plusieurs reprises lors de week-ends qui, pour être orgiaques, n'en étaient pas moins fort pourvus en bonne chère. Je descendais avec Michou Jobert et Michou Crépeau, mes potes d'alors au volant d'une Aronde Monaco maquillée qu'on avait tirée Porte de Vanves un soir de fiesta. On s'arrêtait en route à Montargis chez la petite Huguette, une connaissance de Michou qui tenait un routier sur la route d'Orléans. Si à table on rigolait à gorge déployée, on avait au moins comme excuse de prendre du bon temps. Quelle époque que celle-là décidément !

 


[A suivre…]

 

Retour à l'accueil :